dimanche 26 juin 2011

mardi 21 juin 2011

Une partie de tennis ?

Enfant, il n'avait qu'un seul souvenir de son père. Ce dernier le portait sur ses épaules, c'était son premier jour d'école. Sur le chemin ils font la rencontre de leur voisin, un métayer, un des ces hommes à la peau en cuire, aux yeux pupilles, chapeau de paille sur le crane, tête basse. Bonjour mon cousin où vas tu de si bon matin ? Je conduis mon fils à l'école. Hmm c'est ton aîné ? Non c'est le cadet, j'avais du temps et puis...

Après il ne m'a rien dit. D'ailleurs cette conversation je viens de l'inventer. Son souvenir s'arrête là, son père, ses épaules, lui sur les épaules de son père. Pas d'histoire, tout à inventer. Pas d'espace autour de lui, pas même le désert aussi grand soit-il. Sa voix ? Non. Rien que lui et son père, en vertical comme un seul homme désarticulé ou droit cela dépend de l'attitude du gosse. S'il choisi que celui qui le transporte est trône ou cheval. D'ailleurs personne ne se souvient de la voix des morts, la voix des morts n'existe pas.

Un seul souvenir fixe, ses rapports avec son père s'arrête là dans ce moment de "complicité". Assez marquant pour être retenu. Un moment qui n'a rien de fugace, puisque resté auprès de lui depuis plus de 70 ans. 

Se projette t-il  70 ans en arrière lorsqu'il me raconte son histoire pour la énième fois ? Se revoit-il sur les épaules de son père le conduisant sur le chemin de l'école ? Il revoit le métayer souriant s'approchant de son père, causant, lui demandant qui est ce jeune garçon immobile se tenant au dessus de leurs têtes. Peut être ne se souvient-il plus de ce moment, il se souvient seulement d'avoir eu ce souvenir. Cet écho de son passé lointain est accroché à sa fierté. Il se répète souvent, tu radotes dit-on mais c'est important pour lui de le dire: "le seul souvenir que j'ai de mon père, c'est lorsqu'il me ramène à l'école, il me prend sur ses épaules, on rencontre notre voisin qui est métayer, il demande à mon père qui je suis, il répond c'est mon fils". Il faut qu'il se répète cela, il faut que cela se sache. Avant que sa vie ne soit foutue au feu, par une aventure non désirée, il se raccroche à cet instant parfait. Lui et son père, le voisin témoin de ce bonheur simple. 

Sur le bateau il pense encore à ça, à lui et à son père. Il regarde son cousin danser, rire aux éclats avec les autres aventuriers. Cherbourg n'est pas loin...



dimanche 19 juin 2011

Caca: an 1

Que voulez-vous; les gens préfèrent avoir une vie de con plutôt que de vivre dangereusement. La femme épouse toujours celui qui a du travail au lieu de celui qu'elle aime. L'homme préfère épouser celle qui se rapproche le plus de sa mère plutôt que celle qui lui piétine le cœur, celle qui nettoie son âme dégueulasse. 
Il faut frotter pour que ça parte, on préfère les tâches d'huile, celles que l'on touille avec le revers de la main, d'une manière lascive pour en étaler partout, on est jamais corrompu à moitié. 
On a donc une vie de con. Une femme assise à la terrasse d'un café, avec sa copine. Elles parlent , elles sont biens, rient fort, aucun sujet grave n'est abordé, les gens n'abordent pas les sujets graves, non pas par décence, mais par indécence, ça casse l'ambiance, on a l'injonction de rester léger, on peut être grave qu'avec ses parents ou quand en fin de soirée on a épuisé le filon de la bonne humeur,il faut conclure jouer la carte de la profondeur alors que nous sommes tous superficiels.
La femme nous regarde, elle est plutôt jolie. On va lui parler. On va avoir une vie de con ? Sans doute, on échappe pas à la vie de con. On est ensemble depuis six mois, elle s'installe chez toi au bout de huit, fout la merde dans ton organisation de vie, mais tu as ce que tu mérites. Tu aurais dû lui répondre à son sourire avec un " va te faire enculer, connasse" car c'est une connasse. Sourire c'est suspect, c'est politique, elle nous choisi comme elle aurait pu en choisir une autre. La modernité a tué le romantisme, on est revenu au couple d'intérêt. Les gens en ont eu marre des histoires passionnelles qui n'existent pas pour eux, détruit tellement de personne.
Passion pendant trois mois se faire jeter, pleurer, faire une dépression, repartir de l'avant, recommencer,pour elle et lui  du présent c'est plus possible. On est génération de tapette émotionnelle, c'est suspect d'en faire des caisses. On épouse le garçon ou la fille qui a une situation, une vie de con s'annonce, des enfants cons aussi.
 

vendredi 3 juin 2011

On caresse le blé

Emma Zunz est parti. Une femme silencieuse, elle passait des jours à ne rien dire, à me regarder et nettoyer mon âme dégueulasse avec ses yeux. Après avoir fait l'amour je lui disait qu'elle était belle, elle rougissait, dire quelque chose aurait tout gâché. La nuit avant son départ, nous ne dormions pas. Réveillés, dans le noir, j'entendais des sanglots, j'ai posé le revers de ma main sur sa joue humide. Ce n'est rien. C'est sûr ? Elle ne répondit pas tout de suite, je pars dit-elle.
Pas de lettre