samedi 30 avril 2011

La canne de Queneau

Enlèque, enlèque, enlèque, un mot que je viens d'inventer. J'aime ce mot, un parent fier qui montre sa progéniture, lui apprend quelques tours pour épater la galerie: Il sait compter jusqu'à quatorze, connaît toutes les villes du Vexin et sait écrire "mot" sans se tromper. Formidable, ce petit enlèque. Bon ta fonction ? D'ailleurs ta sonorité me rappelle le bruit que l'on fait lorsqu'on lape un liquide, du lait par exemple. Alors ta fonction ? Un enlèque c'est quoi ? Ça me rappelle vaguement "enculé", une lointaine ascendance, on s'est croisé dernièrement, c'était froid, fort déplaisant comme d'habitude avec "enculé" . On ne change pas de sujet messieurs les académiciens, c'est pénible. Enlèque, un nom enfantin, donnons lui une définition affectueuse, qui ondule (blop), un mot que l'on pourrait accompagner avec une tape dans le dos d'un collègue sympathique mais maladroit, d'une friction dans les cheveux d'un élève ayant répondu avec insolence à son maître. On écrirait le mot, le sourire malicieux aux lèvres, parlant d'un vieux camarade dont on n'a pas eu de nouvelles depuis longtemps "Et ce petit enlèque il va bien ? ". 
Allons plus loin, j'ai de l'ambition pour ce mot alors je ne lui donne pas une définition, je lui donne une fonction: il sera refuge pour les hommes qui ne peuvent exprimer, ceux qui bafouillent, qui s'effondrent faute d'avoir trouver  le mot juste. Un mot bouche trou ? Non un mot aleph, un point de rencontre pour toutes les émotions secrétées par l'homme pour l'homme. 
Quant à sa diffusion, on emploiera la méthode dite de l'Ancien Testament, mis dans un berceau en osier, on l'abandonne sur le Nil et le petit réussira par lui-même. On pourra éparpiller des enlèques un peu partout; conversation, chansons, livres, poèmes, nouvelles, journaux. Après ? Après ça dépend de sa diffusion, par qui il a été lu, prononcé et écrit. Sera t-il souvent utilisé, usé jusqu'à la moelle, sorti de son contexte, déraciné ou alors deviendra t-il un mot rare, utilisé par quelques poètes et romanciers, un mot synonyme de pédanterie, de snobisme. Peut-être on ne s’intéressera plus à lui, on le lira sans sans marquer un temps de réflexion, on ne pensera plus au chat qui lape son lait en prononçant ce mot. "Peut importe c'est sa vie" dirai-je en parent qui a confiance en son enfant mais cela ne m'empêchera pas d'être inquiet de son avenir.


jeudi 28 avril 2011

From the ritz to the rubble 1

Emma Zunz a 25 ans, elle est née à Montevideo en Uruguay d'un père français diplomate et d'une mère chilienne institutrice. Elle a deux sœurs: Paula 19 ans, et Juliette 22 ans, proches, unies et rivales. J'ai épousé cette femme et elle a disparu. 
Parler d'une femme est une chose banale. Parler d'une femme qu'on aime est dangereux. C'est tout.

Je pars à sa recherche.

dimanche 24 avril 2011

Steak gratos !

Le langage est la maison où nous habitons
Heidegger . 

La plupart d'entre nous ne trouvent pas le chemin de la maison. La bouche close à la recherche d'un pont, d'un hôtel mais où est la maison ? 
Tu craches des journaux, vous êtes sur le point de gerber des livres, je vomis l'université et parler à sa propre famille, à ses amis elle ne le supporte plus.
La corruption du langage, un problème déjà exposé par des Viennois, des gens raffinés, des chiens spécialisés en cerf-volant et autre équation au 4e degré. Prends le silence comme une claque, jette la lanterne et embrase tous les rats. 
Où est la maison ? Où  est le terrier ? Creuse à main nue pour découvrir qui tu parles. Je veux rentrer chez moi  dit le chien hurlant, il doit faire peur aux rats, aux porcs et aux hommes. Tant qu'il ne retrouve pas sa niche il doit hurler, hurler, hurler, hurler, hurler, hurler, hurler, hurler, hurler, hurler, hurler, hurler, hurler. Continue clébard, on te méprisera, trop de bruit, y'en a qui bosse ici, c'est quoi ce bordel. Continue, persévère, et peut être qu'un jour, mon joli chien tu trouveras ta niche.
Une fois trouvé l'habitat personne ne peut venir vous déloger, tu auras bientôt des locataires. Le proprio était un type louche, mort avec une jambe en moins, un Ardennais, mais il a laissé tous ces poètes venir squattés ici. A peine avait il trouver sa maison qu'il partit sans rien dire...



vendredi 22 avril 2011

On recherche tous une femme

Une vie jetée au feu. Des manifestants qui s'arrêtent et ne veulent plus protester.
Plein, le bateau à ras bord, les aventuriers attendent de débarquer, des faux nomades, des imposteurs, des échantillons d'Ibn Battuta, on voyage pour manger...calamité...escroquerie... faux gitans en culotte courte.
Une vie jetée au feu, El Nar (le feu en arabe), rien que de le prononcer on dégueule du souffre. Ce ne sont pas nos paroles, ce ne sont pas mes mots, venez on s'en va, on y va la tête baissée et pas tête baissée.
Une vie jetée au feu, des vestes en cuir, du gel plein les cheveux, j'attends, on s'en va s'il vous plaît, ils ne sont pas trop chauds pour danser avec les chiens. Tu as une cigarette ? Du feu alors ? Non ? On s'en va ? Non.
Une vie jetée au feu, la corruption du langage, réunion avec le maire, il s'agite, je parle mais on y croit pas, on voudrait que ça bouge, le maire s'engage à ne rien faire, c'est une position politique courageuse quand on y pense. Faut pas pousser papi dans les myrtilles, ici on se bat pour chaque centimètre de fierté. Toujours en campagne électorale, les jeunes hommes disent bonjour aux vieux gens qui les ont vu grandir, ça ne les empêchent pas de se trahir mutuellement et régulièrement, sans rancune, ce sont les plus grands adversaires, une guerre éternelle, le rêve. 
Une vie jetée au feu, des enfants qui n'entendent rien aux manifestants. On leur fait les poches , j'ai besoin de gel fixant, s'il vous plaît allons y. Sur le bateau momo, ivre, danse avec une petite radio accrochée autour du cou, la musique arabe ne s'arrête jamais, le pantin désarticulé non plus, il chante, plus fort, saute, encore plus fort, agite les bras,normal, se faufilant entre ses compagnons. Il prend le chien par les pattes avant ,ils valsent, ils swinguent je dirais, on boit en leur honneur, il reste plus rien, où sont les bouteilles de Johnny Walker ? On s'en va ? oui ? où ? Cherbourg quand ? 1957, bon.